La veille, le même collectif avait organisé une conférence à la Bourse du Travail de Paris qui avait réuni près de 200 personnes.
Abdoulaye Diagana
Images à suivre
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La veille, le même collectif avait organisé une conférence à la Bourse du Travail de Paris qui avait réuni près de 200 personnes.
Abdoulaye Diagana
Images à suivre
Au moment où la Mauritanie revit des événements qui rappellent les heures les plus sombres de son histoire, je n’ai pu éviter d’être submergé par une vague d’émotions quand Heydi entonna le célèbre Ya Mouritane ya watani, avec une Sira Dramé magistrale dans l’exécution de la danse maure pour l’accompagner. L’art ne ment pas et ne souffre pas l’hypocrisie et la tricherie. Il fallait de la sincérité et du dévouement pour faire corps avec la chanson interprétée et réussir l’exploit de faire vibrer les cœurs d’un public pas forcément connaisseur. Qui disait que la musique est un langage universel ?
Ces chanteurs et ces musiciens avaient pour noms Gangué, Dramé, Ndiaye, Mbaye, Dem, Sibiri, Watt, Diakhaté, Dia, Sy…Je n’ai pu m’empêcher de faire le rapprochement avec le recensement qui, si l’on s’en tient aux nombreux témoignages qui nous parviennent de certaines personnes qui s’y sont essayées, est entrain de diviser les fils de ce pays en charriant les arrière-pensées et les idées les plus nauséabondes qui soient. Et ce, au moment où les artistes chantaient à l’unisson pour rendre hommage à une des leurs au delà des frontières.
En France, le pays où ils ont élu domicile, ils se rendront peut-être à l’ambassade de leur pays qui saisit l’occasion d’un recensement pour se transformer en annexe des services de la police française. Elle n’exige rien de moins que le titre de séjour en plus d’une pièce d’identité mauritanienne pour se faire recenser. En clair, l’ambassade ne recherche pas des mauritaniens à recenser mais ceux d’entre eux qui ne sont pas des sans-papiers au regard de la loi française. Pendant ce temps, de nombreux autres services français (université, hôpitaux…) acceptent justement des usagers qui n’ont pas de titre de séjour ; parce qu’eux ne confondent pas les registres. Les autorités mauritaniennes ont l’art de rendre la vie difficile aux citoyens. S’assurer de ne recenser que des mauritaniens résidents est une chose, se faire les supplétifs de la police française en est une autre. Un justificatif de domicile ou tout autre document justifiant les attaches du concerné avec la France aurait amplement suffit. Même lors du recensement pour l’élection présidentielle de 2009, dans un contexte très tendu, les autorités consulaires n’avaient pas commis un tel impair et avaient accepté de recenser sur la base de la présentation d’une simple pièce d’identité mauritanienne ! Assez bien en 2009, désastreux en 2011 ! Tel est le sens de notre marche vers le progrès ! Loin de la scène musicale.
En les voyant chanter et danser sur scène, on ne peut croire que ces artistes courent le risque de se voir dénier leur nationalité au motif qu’ils se nomment Sibiri, Dramé, Ndiaye, Dia, Gangué, Dem…
Et comme pour exorciser le mal et renvoyer le diable à ses chères études, ils ont crié de toutes leurs forces hayya Mouritane, hayya watani, ya mouritane, ya mouritane, ya mouritane ya watani. Cette conception de la Mauritanie et du mauritanien nous réconcilie avec notre pays et avec nos valeurs. A eux seuls, ces artistes-là rachèteraient le reste du troupeau. Ils font notre fierté et nous vengent de ces esprits étroits et chauvins qui s’amusent avec des allumettes, assis sur un baril de poudre, et qui font la honte du genre humain. Et ils se recrutent hélas dans les deux camps.
Abdoulaye Diagana
Le public a eu l'immense plaisir d'assister à un concert haut en couleurs en hommage à une artiste dont le talent n'a d'égal que sa passion pour la musique et son pays.
L'initiative venait de Nago Seck, gérant, manager du restaurant. Brandissant quelques disques de Dimi, Nago explique le coup de foudre qu’il a eu pour l’artiste mauritanienne qu’il na cessé d’accompagner tout le long de son parcours. Des portraits, rares, de la vedette mauritanienne sont accrochés au mur. Je les ai pris moi-même, insiste Nago une lueur de fierté dans les yeux. Les artistes se promènent dans le restaurant bar un peu comme chez eux. Nago et son épouse en ont fait une scène libre pour les artistes.
Mais Nago n’était pas seul à l’origine de l’initiative. Pour réaliser le vœu de célébrer une dernière fois celle qu’il appelle l’ambassadrice de la musique mauritanienne, il avait avec lui Heydi un jeune rappeur mauritanien aux multiples talents (musicien, chanteur, show man) passionné de musique et porteur d'un message d'unité, de paix et de soutien aux artistes dans ce milieu très difficile pour nos compatriotes. Heydi a mis un point d'honneur à organiser cette soirée, la moindre des choses, dira-t-il, pour Dimi. Nous avons eu également le grand plaisir de revoir Sira Dramé, très enthousiaste devant cet événement et veillant au bon déroulement de la soirée.
Sur la scène se sont succédé des artistes de tout bord : Mamma Dem à la voix enchanteresse, Ousmane Gangué une des étoiles montantes de la musique mauritanienne, Malick Dia, l'ainé, lead vocal du groupe Boolumbal, Moussa Watt ancien de l’orchestre national de Mauritanie et du Rippo Groupe, Moussa Labbel, Heydi le show man. Pour tenir le public en haleine, Sidi Sy bassiste du groupe Walfadji, Ada Ndiaye aux percussions. D’autres artistes sont venus en voisins : Tanor Tita Mbaye, lead vocal sénégalais, le guinéen Mamedi Diabaté à la guitare solo.
Au milieu de ce monde d'hommes, une voix malienne entrainante. Puis la silhouette de Sira Dramé, chanteuse mauritanienne qui, pour l’occasion, joue du Djembé, organise la scène comme un chef d’orchestre.
Cette scène bigarrée offrira un spectacle à la hauteur de l’événement avec, à l’ouverture, la célèbre chanson Mouritane watani.
C’était une de ces soirées qui réconcilient les mauritaniens avec eux-mêmes et avec leur pays.
Les vidéos de la soirée avec les interviews exclusives suivront sous peu. En attendant vous pouvez déjà profiter des photos disponibles sur le site!!!
Salam et que l'1spiration soit toujours avec vous
Votre obligée, Hapi et Abdoulaye pour kassataya
Sira Dramé sera en concert live à Sélibaby les deuxième et troisième jours de la fête de korité.
«Ce recensement n’est pas seulement contre les communautés bambara, peuls, soninké et wolofs. Ce recensement est aussi très dangereux pour la communauté haratine, et ça personne ne le dit. Il y a 600 000 esclaves domestiques qui n’ont pas de papiers et l’Etat mauritanien refuse de leur en donner ». Le leader du mouvement IRA a ajouté que parmi les affranchis seule une minorité dispose de papiers, sur un effectif qu’il situe entre 1 200 000 et 1 400 000habitants, soit près de la moitié de la population mauritanienne.
Biram Ould Dah s’est en outre insurgé contre le fait que, par un décret politique, la communauté haratine soit cataloguée arabe, ce qui, pour lui « est un déni extrêmement grave, une oppression extrêmement grave contre laquelle l’IRA lutte ».
Il s’est enfin attaqué aux partis et organisations qui dénoncent le recensement et qui partent quand même s’inscrire. « Je ne peux pas dénoncer un recensement et aller me recenser alors que les autres [citoyens], on leur dénie le droit de se recenser, alors que ce sont des gens que je suis censé défendre… J’appellerai dès mon arrivé à Nouakchott au boycott de ce recensement et je ne me recenserai pas. Et je considère que c’est une incohérence que d’aller se recenser, c’est raser les murs, ce n’est pas correct, ce n’est pas cohérent. Il faut payer le prix de ce combat ».
Il conclue en disant que « l’Etat mauritanien n’est pas invincible, surtout sous Ould Abdel Aziz qui est un tigre de papier… Il faut que les gens descendent dans les rues… Il faut une mobilisation populaire. Il faut un rapport de force dans les rues, dans les medias, devant la communauté internationale ».
L'extrait est disponible ici.
L'intégralité de l'entretien est disponible en podcast.