Chers bloggeurs,
Les aléas de la vie m'ont éloigné de l'actualité et de l'activité cybernétique.
Je reviens vers vous en ces temps troubles pour vous livrer ma dernière réflexion.
Bonne lecture.
Les grands événements révèlent les grands hommes. Le chef de file de l’opposition statutaire a incarné pendant de longues années l’opposition tout court, expérimentant vexations, humiliations et brimades. Plus que tout autre, il sait quel prix payer pour accéder au club fermé des pays jouissant du privilège de désigner librement et démocratiquement leurs représentants. C’est donc tout naturellement que les regards se tournent vers lui quand l’avenir de la nation est tout entier hypothéqué par la gravité des moments que vit notre chère Mauritanie. L’élégance, la hauteur, le sens de l’Histoire et de l’Etat se liguent pour lui commander de monter au rostre et de sauver ce qui est plus grand que lui et que tous : la pérennité des institutions de la Mauritanie éternelle. Cet idéal va au-delà de la personne de son adversaire de naguère, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, président élu de la République Islamique de Mauritanie. Le combat n’est pas de défendre un homme, car le destin politique de Sidi Ould Cheikh Abdallahi compte si peu devant l’importance des enjeux. Il y a peu, j’évoquais l’attitude de Boris ELTSINE dans des circonstances quasi identiques (http://souslatente.blogspot.com/2008/07/allende-et-pinochetgorbatchev-et.html): une animosité profonde caractérisait les relations entre ELTSINE, président de la Fédération de Russie et GORBATCHEV Secrétaire Général du Comité Central du Parti Communiste, Président de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Pourtant, lorsque le second fut renversé et exilé en Crimée lors du putsch de Moscou en 1991, c’est bien son ennemi juré qui volera au secours…de la démocratie en rétablissant l’ordre constitutionnel, sans pour autant oublier son combat et ses objectifs. Quand le destin de la Nation est engagé, il faut savoir taire les ambitions personnelles. Et le peuple saura s’en souvenir.
Sidi Ould Cheikh Abdallahi porte certes une responsabilité importante dans le sort qui a finalement été réservé à notre démocratie, mais son interpellation ne pouvait-elle vraiment pas se dérouler dans le cadre défini par la constitution ? Il est peut être coupable. Admettons. Le seul combat à mener était alors de le contraindre à répondre de ses fautes devant les mécanismes constitutionnels : une haute cour de justice à lui imposer au besoin. Et si sa culpabilité est mise en évidence, on eut pu le démettre et laisser le président du Sénat assurer l’intérim le temps d’organiser de nouvelles élections. La procédure en eut gagné en clarté et en propreté et c’est le combat qui aurait dû être celui du leader de l’opposition. S’il croit vraiment aux règles du jeu démocratique, il se doit de défendre l’ordre constitutionnel ; et qu’il ne se berce pas d’illusions. La vie est impitoyable avec les rêveurs et le réveil risque d’être douloureux. Pourquoi ceux qui ont renversé Sidi après l’avoir fait roi épargneront-ils un autre qu’ils auront placé sur le capot de leur Jeep jusqu’au palais présidentiel ? C’est l’heure des choix : ou notre démocratie devient et demeure l’expression et le respect du choix souverain du peuple, à défendre au besoin par tous et par tous les moyens (si l’armée doit jouer un rôle dans la politique, puisqu’il ne peut en être autrement, ce doit être celui-là et celui-là seul) ou elle se place définitivement sous la tutelle de la caserne. Au garde-à-vous et en rangs serrés.
Abdoulaye DIAGANA
France
www.souslatente.blogspot.com
abdouldiagana@yahoo.fr
vendredi 8 août 2008
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