dimanche 2 août 2009

Élection présidentielle, la rue n’arbitrera pas le deuxième tour.


Note : Aux esprits simples, aux simples d’esprits avides de vérités simples : vous n’êtes pas obligés de chercher en vain à décrypter des textes d’analyse politique. Vous pouvez aller faire autre chose si vous saviez ! Cette plume est celle d’un homme libre, qui n’est ni soumis aux chapelles ni prompt à céder à l’embrigadement. Si manger à tous les râteliers m’intéressait, je serais devenu obèse depuis très longtemps.

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Le FNDD et le RFD (et selon toute vraisemblance, le candidat Ely Ould Mohamed Vall) vont donc poursuivre leur alliance pour faire la lumière sur le scrutin du 18 juillet 2009 dont le déroulement souffre d’un fort soupçon de fraude. S’ils avaient fait le choix inverse, ainsi que nous l’écrivions hier, ils n’auraient pas perdu la face. Maintenant qu’ils se disent prêts à accepter les résultats à la condition qu’une enquête indépendante dissipe les doutes, nul ne peut raisonnablement leur en tenir rigueur. Au justiciable qui réclame justice on ne peut opposer l’accusation de l’extrémisme en même temps qu’on se montre indulgent avec l’auteur présumé du délit. Cette opposition-là n’a pas choisi la facilité. Elle adopte cette posture au moment même où l’essentiel des partenaires de la Mauritanie se sont empressés de féliciter le déclaré vainqueur dès le résultat proclamé par « les sages » du Conseil Constitutionnel. Elle sait qu’elle joue gros : il lui faut mobiliser l’opinion nationale pour un combat décisif dont l’issue et la longueur seront fonction du rapport des forces en présence. Pas gagné. Le fer a refroidi.

Pour le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz qui a enfourché sa rossinante pour lutter contre la gabegie et la prévarication (pour les esprits malins qui ne l’ont pas compris quand j’utilisais l’expression « chevalier blanc », je n’ai rien contre la satire et le second degré) il y a là une belle occasion de joindre le geste à la parole : il se doit, lui le premier, au nom de ce combat dont il se veut le champion (encore une fois c’est lui qui le prétend, mais là ce n’est plus de l’analyse, ça devient une explication de texte), exiger que soit levée toute suspicion sur les conditions de son élection. Parce que voler une élection n’est pas moins grave que voler le budget d’un projet ou d’un service, nous avons besoin de savoir s’il a lui-même franchi les étapes sans malversation…électorale. Il lui sera très difficile d’être crédible quand il n’a pu se montrer rigoureux et juste en refusant de s’appliquer ce qu’il veut appliquer à autrui. Pour un mauvais départ c’en est un. Mais entre nous, vu le calme de la « rue », il est très peu probable qu’il accède à cette demande.

Quant à la Mauritanie, elle retient son souffle et pense sans doute à ce qu’elle a pu gagner en troquant une élection saluée par tous il y a juste deux ans pour une largement contestée par les plus représentatives des forces d’opposition. Pour mettre tout le monde d’accord et éviter à un pays exsangue les affres de la contestation et de l’instabilité politiques, qu’on ouvre donc cette enquête pour que tout le monde puisse passer sereinement à autre chose. Il n’y a rien de telles que la rumeur et la suspicion pour jeter le discrédit sur nos institutions qu’il faut préserver et renforcer. Après tout, à quoi s’expose le pays en accédant à la demande des plaignants ? A pas grand-chose en vérité. Première hypothèse, les accusations ne sont pas étayées par des preuves formelles et irréfutables. Le déclaré vainqueur gagne en légitimité et les déclarés vaincus le félicitent comme ils semblent y être disposés et tout le monde le juge à l’œuvre et à l’ouvrage. Deuxième hypothèse, les accusations étaient fondées. Peut-on imaginer l’invalidation du scrutin et l’organisation de nouvelles élections ? Ou aura-t-on tout au plus un Gouvernement d’Union Nationale comme au Kenya ou au Zimbabwe? Au regard de l’importance de l’enjeu, il est plus que nécessaire de dissiper cet épais brouillard en accédant à la demande des plaignants, d’autant qu’en face on dit ne rien à se reprocher. Faut-il rappeler que les raisons invoquées, entre autres, pour justifier le coup d’Etat du 6 août étaient que le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi faisait obstruction et refusait l’ouverture d’une enquête sur le financement de la fondation de son épouse ? Et les accusateurs refuseraient l’ouverture d’une enquête sur un scrutin majeur ? Quand on vous dit qu’il y a une ironie dont seule l’histoire détient le secret !

Salut

Abdoulaye DIAGANA

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