vendredi 1 août 2008

Sidi et les quarante…Quand naissent le doute et la confusion…

En décidant d’opposer une fin de non recevoir à la requête des parlementaires en vue de convoquer une session extraordinaire de l’assemblée nationale, l’exécutif mauritanien commet une faute dont le prix risque d’être très élevé. Le doute et la plus grande confusion règnent dans l’esprit des mauritaniens qui commencent à se dire que si on met autant de cœur à retarder la manifestation de la vérité sur la gestion de la fondation KB c’est que finalement il y’aurait des choses pas très propres qu’on ne voudrait pas voir sur la place publique. Il y a donc loin de la promesse du président de la république se disant prêt et heureux de voir naître une commission d’enquête à l’énergie déployée à torpiller l’action de l’assemblée nationale. La confiance s’accommode très mal de l’opacité. Et le président aurait tort de lier son sort à celui d’une tierce personne, fut-ce la présidente de la fondation KB. Opinons. Quel homme politique fut plus grand que Nelson Madiba Mandela ? Quelle femme politique milita plus farouchement, plus activement et plus sincèrement que Winnie MANDELA ? Pourtant quand la justice interpella la pasionaria de la lutte antiapartheid et épouse de l’icône aucune obstruction ne fut tentée par Mandela. Lui à qui on devait presque tout acceptait que sa femme fut face à la justice comme tout autre justiciable ordinaire. Il la soutint tout le long du procès malgré les épreuves et leur cruauté. L’image et la stature du combattant furent renforcées par l’épreuve. Et l’épouse du président mauritanien serait intouchable ? Voyons ! Dans ce genre de situation, nous eussions pu attendre du président de la république dont la position est dejà si peu confortable, autre chose qu’un juridisme sourcilleux qui s’apparente à une manœuvre dilatoire. D’autant que l’opération est contreproductive. Dans l’histoire c’est bien le président qui passe pour celui qui ne veut pas de la manifestation de la vérité : c’est un désastre politique provoqué probablement par le jusqu’au-boutisme de ses conseillers. Mais les conseillers, on le sait, ne sont pas les payeurs. Qu’il aide à la manifestation de la vérité et le peuple lui en donnera acte. Au besoin, nous édifierons un bouclier sanitaire et une ceinture de sécurité autour de son statut, de sa personne et de l’institution qu’il incarne s’il s’est acquitté, sans trahir, de la mission que lui a confié le peuple. De toutes les façons, une éventuelle culpabilité de son épouse n’engagera pas nécessairement la responsabilité du président sauf s’il s’est fait complice d’actes répréhensibles. Le cas échéant, qu’il en réponde devant les juridictions compétentes dans le cadre fixé par la constitution et que sa succession soit organisée de même, sans que quiconque attente aux lois de la République à travers un putsch déguisé.
Quant aux frondeurs, ils gagneraient à rendre lisible leur action et clarifier leurs motivations. Si nous connaissons (de réputation) le Mohsen ould Elhadj opposant irréductible vivant à la lisière du dénuement pour rester en accord avec ses convictions sous la dictature de ould Taya et si nous connaissons (de réputation) le Me Ould Maham défenseur des persécutés sous le même dictateur (il a notamment défendu notre ami militant invétéré des droits de l’hommes, El Hacen ould Lebatt, le bon), nous avons plus de difficultés à les voir mener une fronde au nom de la transparence et du droit aux côtés de certains de leurs compagnons d’aujourd’hui. Nous aurions été plus rassurés et moins suspicieux si certains noms n’apparaissaient sur leur liste. En tout état de cause, nous attendons qu’ils nous montrent qu’ils ont de la suite dans les idées en auditant toutes les structures dont la gestion a été décriée ; y compris et surtout quand elles étaient confiées à leurs amis d’aujourd’hui. Le pauvre citoyen a besoin de savoir à quoi riment toutes ces gesticulations et s’il n’est pas sur le point de passer pour le dindon de la farce. Les routes de l’enfer sont pavées de bonnes intentions. Nous ne croirons que sur pièce.

Abdoulaye DIAGANA
France.
abdouldiagana@yahoo.fr
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