dimanche 6 juillet 2008

Le Président manœuvre mieux qu’on ne le croit.

Nombreux sont ceux qui ont perçu la démission du gouvernement de Yahya Ould Ahmed El Waghf comme une reculade du président de la République. Cependant en confirmant le Premier Ministre sortant à son poste, Sidi Ould Cheikh Abdallahi donne un indice de ce que sera sa position face aux frondeurs. Les raisons qui ont pu le conduire à limoger son directeur de cabinet adjoint puis un conseiller principal sont à décrypter avec soin. Hypothèse d’école :

Le membre du cabinet invite le Président de la République à engager le dialogue avec les frondeurs pour éviter une confrontation directe avec ceux qui sont suspectés d’être derrière eux, à savoir les deux généraux qui ont renversé la Dictature de Ould Taya. Sidi Ould Cheikh Abdallahi interprète ce conseil comme une faiblesse au moment où la parole et l’action doivent être à l’aide dure, les faucons. Dans la foulée, le conseiller principal organise une conférence de presse à l’hôtel Mercure où il accepte de donner la parole aux parlementaires frondeurs : crime de lèse-majesté avec comme sanction le limogeage.

Il ne serait alors pas surprenant que le Président de la République renouvelle à l’UFP (dont la présence au sein du gouvernement est farouchement combattue par les frondeurs) et aux islamistes modérés sa confiance en les reconduisant dans le gouvernement à venir. Il ne restera plus qu’à confirmer les gestionnaires contestés (Boïdiel au Sécretariat Général de la Présidence de la République par exemple) pour que nous retournions exactement à la case départ. Le Président n’aura alors pas renoncé au bras de fer et ferait mieux que tenir tête aux frondeurs. Le côté positif de l’histoire sera que le Président montre qu’il sait faire preuve d’autorité. Le côté négatif sera que dans un contexte de démocratie naissante, il manque de souplesse et de sens du compromis, mettant en péril les acquis démocratiques.

Dans ce cas, il n’est pas besoin d’être devin pour affirmer que le spectre de l’action militaire de nos généraux passe du possible au probable. Avec comme principal perdant le peuple mauritanien.

Abdoulaye DIAGANA

France

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