Puisque tant de voix se sont liguées contre l’espoir, le devoir intime à ceux qui détiennent une once d’influence sur le cours de l’histoire –le destin devrais-je dire- l’ordre de voler au secours de ce qui reste de la République et de la Démocratie.
Deux mois durant la vie de tout un pays s’est arrêtée, suspendue à une fronde redoutable menée par une coalition déterminée à laquelle aucune arme n’aura fait défaut, de la menace de dissolution du parlement au recours à l’armée en passant par une commission d’enquête sur le Sénat. Mais ce qui a surtout traîné l’honneur du président de république dans la boue et qui l’a incontestablement secoué c’est la grave suspicion jetée sur la Fondation de la première dame. La constitution d’un gouvernement de compromis entre les protagonistes ne suffit à dissiper le malaise et l’esprit bien constitué ne pourra comprendre que les poursuites s’éteignent comme elles sont nées car trop grands sont les enjeux.
D’abord le devoir d’informer les citoyens sur la façon dont leurs affaires sont administrées. La gouvernance s’accommode très mal de l’opacité. Le président de la république en a facilité la tâche en annonçant qu’il serait très heureux que la lumière se fasse sur les comptes d’une fondation qui n’aurait reçu aucun centime d’argent public.
Ensuite, le président lui-même en ce sens qu’il a besoin de se défaire de l’emprise d’une rumeur dont il sera l’otage tant que la vérité ne se sera pas manifestée. C’est sa souveraineté, son indépendance et sa liberté qu’il joue. Comment entend-il présider librement s’il reste à la merci d’un chantage qui risque fort bien de lui être resservi à la moindre tentative d’émancipation ? La meilleure façon de priver un maître chanteur de son argument c’est d’ouvrir vos comptes et rendre public le secret par lequel il pensait vous tenir. Sidi en a besoin pour pouvoir jouir des égards dus à son statut, à ses fonctions et à sa personne.
Enfin, les élus frondeurs. Ils se sont égosillés des semaines durant, essayant de nous vendre l’argument de la mise en péril des intérêts du pays. Ils ne peuvent s’arrêter en si bon chemin.
Toutefois, les comptes ne seront justes que si l’exercice était appliqué à tous les secteurs, toutes les entreprises, toutes les entités dont la gestion a suscité au moins quelques interrogations. Il serait injuste de n’incriminer qu’une Fondation née il y a à peine une année alors que des braqueurs notoires hantent nos rues, les couloirs et les bureaux de la haute administration. Des scandales ont émaillé la vie de notre pays et la lumière gagnerait à se faire. Et si c’est bien pour la Fondation KB, ça doit certainement l’être pour la SOMELEC, la BCM, le CSA, la SMCPP, l’armée nationale y compris quand certains de ses officiers supérieurs se livraient à des actes de barbarie à Inal, Jreida, Azlatt, Sori malé…avant d’aller se réfugier sous le toit de l’assemblée nationale pour y mener une fronde demandant justement plus de lumière (le comble !).
Il faudra également que nous connaissions enfin la vérité sur cette affaire de la drogue dont plus personne n’entend parler comme par miracle ; que nous fassions la lumière sur les connexions avec certains milieux hauts placés et les complicités sans lesquelles les trafiquants n’auraient certainement pas pu agir avec autant de facilité.
La Mauritanie est quand même un pays extraordinaire : on trouve des fautes mais jamais de fautifs, coupables, condamnés ; pas plus qu’on n’ouvre de procès. On prononce des discours où l’on reconnaît courageusement que des mauritaniens ont été victimes de la barbarie et injustement déportés, on va même les chercher mais on ne cherche pas à savoir qui sont les responsables de leur odyssée infernale ? Comment ils ont opéré ? Pourquoi ? On avance que les biens publics ont été dilapidés mais personne n’est sanctionné, fut-ce symboliquement.
Il n’est pas question de choisir un camp si ce n’est celui de la manifestation de la vérité. Nous sommes trop jaloux de notre indépendance pour nous soumettre aux automatismes de la logique partisane. Nous avons besoin de savoir si toute cette agitation est fondée ou s’il s’agit juste de poudre –cocaïne ou non- aux yeux. Un citoyen ça ne sert pas qu’à voter pour rendre crédible un scrutin à vendre à la consommation internationale. Il a besoin aussi de savoir où veulent le conduire ceux à qui il a confié le soin de représenter ses intérêts et ceux qui se sont proclamés, sans demander son avis, garants de ses droits. C’est donc l’heure de vérité, pour le président, son épouse mais aussi pour les frondeurs qui peuvent donner l’exemple à travers la responsabilité qui est celle de certains de leurs compagnons -et non des moindres- dans la gestion des affaires publiques pendant la dictature. Mehr licht, disait Goethe ; plus de lumière donc.
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