lundi 29 décembre 2008

A lire dans Le Calame du mardi 30 décembre 2008Lettre de Abdoulaye DIAGANA au sénateur Mohamed EL Hacen ould El Haj.

Dans sa parution du mardi 23 décembre 2008 Le Calame publiait une réponse au courrier du Président de la République Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi. Les faits qui y sont rapportés ont suscité beaucoup de commentaires. J’y ai réagi non pas pour défendre le Président Sidi (je pense qu’il sait le faire tout seul s’il le désirait) mais apporter ma contribution au débat sur le fonctionnement de nos institutions. Morceaux choisis.

« Le fait que des militaires aient choisi de s’immiscer dans le jeu politique est inquiétant mais aurait pu se limiter à cela s’il ne leur était venue l’idée de vouloir tout contrôler et piloter de leur état-major en demandant aux politiques de se mettre au rapport. Leur soutien à un candidat est de mon point de vue anodin. Sauf à nous dire, Monsieur le sénateur, que les militaires ne se sont pas contentés de « faire du lobbying » par votre entremise mais qu’ils sont allés plus loin en mettant à contribution leur position et leurs avantages pour modifier le sens du scrutin. Tant que l’électeur mauritanien aura le pouvoir en son âme et conscience de voter pour le candidat de son choix dans le secret de son isoloir, peu importera que les militaires, les marabouts, les chefs de tribus, le syndicat des porteurs de flingue, le club des fatigués de naissance, l’association des porteurs de valise ou tout autre groupe du même acabit appelle à voter pour un candidat ou pour un autre. Ce que vous révélez, Monsieur le sénateur, c’est que vous vous êtes fait le porteur de la valise des Généraux dans laquelle se trouvait Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi. »
Ou encore plus loin :
« Pourquoi quand Abdoulaye WADE, Oumarou YARADOUA du Nigeria, TOURE du Mali réaménagent la haute hiérarchie militaire il n’y pas de coup d’Etat ? »
« Ce qui vous a probablement révulsé c’est d’avoir vu Sidi se prendre vraiment pour le Président (qu’il était et demeure). C’est un sentiment répandu chez l’humain. Combien de pères pensent avoir droit de vie et de mort sur leur progéniture, au point de penser sincèrement devoir leur imposer femme, carrière…y compris contre leur volonté et de ne point accepter de les voir grandir et s’émanciper ? »
« Quant à l’indépendance des médias je vous sais objectif au point de reconnaitre que l’Agence Mauritanienne d’Information, la Radio et la Télévision publiques pendant l’expérience que les militaires viennent d’interrompre brutalement n’ont rien à voir avec les voix de Moscou et autres Pravda qui débitent à longueur d’émissions les vérités officielles et les motions de soutien à la gloire du Général, notre étoile polaire, nos quatre points cardinaux dont dépendent notre vie, notre présent, notre néant et notre être. Vous feriez un immense présent aux Mauritaniens et à votre cause en mettant un terme à ce spectacle infamant et infantilisant digne d’un autre Général, le très fantasque et ubuesque Idi Amin Dadda».
Pour finir, je fais un certain nombre de propositions au sujet de la réforme constitutionnelle dont a parlé monsieur le sénateur. Dans son esprit le nouvel équilibre à créer devra se traduire par plus de pouvoirs au parlement. Mon opinion est que le réforme doit aller plus loin et que nous ne devons pas nous montrer frileux en évitant les questions qui nous taraudent mais que personne n’ose affronter courageusement et formellement.
Tout cela est à lire dans Le Calame du mardi 30 décembre 2008. Je publierai pour ma part l’intégralité de la lettre dans les jours à venir.

Abdoulaye DIAGANA