Le premier est que l’ingérence de la famille dans l’arène politique est généralement source de désordres. La gestion patrimoniale des deniers publiques a été la « vertu cardinale » de nombreux responsables politiques au point que certaines pratiques sont reconnues comme propres aux républiques bananières quand bien même elles auraient cours sous d’autres latitudes. Dans une série d’entretiens accordés à Philippe SAINTENY dans le cadre de l’émission Livre d’Or (RFI septembre, octobre 2003), le Secrétaire Général de l’OIF, l’ancien président sénégalais Abdou DIOUF confiait avoir imposé à ses enfants de ne pas se mêler de politique. On ne peut dire qu’il manqua de bon sens. Ceux qui ont ignoré cette espèce de maxime se sont retrouvés dans des situations inextricables, au point de compromettre sérieusement leur carrière politique. En avril 1974, le coup d’Etat qui renversa Hamani DIORI au Niger (pays que connaît bien l’actuel président mauritanien) se solda par la mort de son épouse feue Aissé Hamani Diori. Malgré les actions concrètes que lui reconnaissent les nigériens, celle-ci s’était attirée les critiques de nombreux concitoyens à cause de son implication dans les affaires. « Son mari l’écoutait, et j’ai considéré qu’elle avait sur lui une bonne influence jusqu’au moment où elle s’est lancée dans les affaires. Elle a commencé par faire construire une belle maison qu’elle a louée aux Américains. L’ambassade des Etats-Unis, y voyant un intérêt politique, n’a pas regardé à la dépense. De fil en aiguille, Mme DIORI s’est laissé entraîner dans des opérations douteuses, elle s’est fait octroyer des terres parmi les plus fertiles pour ses cultures maraîchères, etc. La réputation qu’elle s’est acquise n’a peut-être pas été étrangère au fait que le coup d’Etat de 1974 lui a coûté la vie »[1]. Jacques BAULIN, conseiller et défenseur devant l’Eternel du président DIORI reconnaissait qu’« Elle [Mme DIORI] construisait beaucoup, beaucoup trop, à Niamey. Cela faisait jaser. Les Nigériens comme les Européens, à commencer par les ambassadeurs de France et d’Allemagne. À tel point que nous trouvant à Niamey en même temps, Gilbert Comte et moi, après avoir comparé nos informations, étions arrivés à la conclusion qu’il fallait attirer l’attention du Président sur ce problème. Mais pour une mission aussi délicate, aucun d’entre nous n’était prêt à se porter volontaire.
Dans l’après-midi de ce même jour, au cours d’une discussion avec le Président, il me parle des problèmes d’urbanisme que lui pose l’extension de la capitale, la densification immobilière... Je saute sur l’occasion pour lui dire : « À ce propos, Monsieur le Président, vous savez qu’en ville… on parle beaucoup des nombreuses villas de
Au Bénin, l’arrivée de Nicéphore SOGLO avait suscité beaucoup d’espoirs. Mais les béninois durent déchanter rapidement quand le président civil, démocratiquement élu s’est cru obligé de noyauter l’Etat en plaçant sa parentèle à tous les niveaux : le fils aîné, Léhady était chargé de mission à
Le deuxième enseignement est qu’il ne suffit pas de jouir de l’onction du peuple et de la légitimité du suffrage universel pour faire un bon président. Nombreux sont ceux qui ont accédé au pouvoir par la voie des urnes, perçus alors comme des sauveurs et qui sont partis à la sauvette, comme des voleurs pour n’avoir pas su trouver un bon équilibre entre fermeté et souplesse.
D’abord Pascal LISSOUBA du Congo. Arrivé au pouvoir par la voie des urnes en 1992 cet universitaire, s’est révélé un piètre président qui, non content de ses choix économiques désastreux (contrat pétrolier léonin avec l’américain OXY) va plonger son pays dans une très meurtrière guerre civile. On se souvient tous des milices « cocoyes » qu’il avait dressées contre les « Cobras » de son prédécesseur Denis Sassou NGUESSO, le tout avec l’arbitrage des Ninjas de Bernard COLELAS. Il quittera le pouvoir chassé par des « Cobras » venimeux appuyés par les angolais.
Il y eut ensuite, Ange Félix PATASSE de
Il y eut enfin Mahamane Ousmane (décidément ce Niger que Sidi ould Cheikh Abdallahi connaît si bien… !) porté au pouvoir en mars 1993 par une coalition de partis regroupés sous le sigle de l’AFC, Alliance des Forces du Changement au terme d’élections saluées par son principal challenger le Colonel Tandja Mamadou. Sitôt installé, le Président se distingua par son autoritarisme au point de désorienter ceux qui l’ont porté au pouvoir (sic !) et de pousser vers l’opposition le PNDS-Taraya. L’opposition devient alors majoritaire et fait voter une motion de censure (vous avez dit similitude ?). Dés le lendemain, le Président Mahamane OUSMANE dissout l’assemblée nationale comme l’y autorise la constitution. Les nouvelles élections confortent l’opposition et imposent la cohabitation que le Président essaie de contourner en désignant de son propre chef un Premier ministre sans l’adhésion de la majorité parlementaire. Nouvelle motion de censure avant même la composition du gouvernement de Amadou Aboubacar CISSE. Le Président se résout alors à nommer, contraint et forcé, le candidat unique de la majorité parlementaire Hama AMADOU. Mais il ne s’avoue pas vaincu et prolonge le bras de fer en se donnant en spectacle : refus de donner la parole à des ministres en conseil, doubles nominations à tous les niveaux de l’Etat (un par le Président et un par le premier ministre…)[3]. La suite ? Ibrahim Baré Mainassara met fin à ce spectacle déshonorant par un coup d’Etat qualifié de populaire et salué presque par tous (y compris par le démocrate, républicain que je suis).
Moralité : Gouverner un pays c’est comme tenir un lion en laisse. Il faut s’employer à ne pas trop tirer sur la corde tout en veillant à ne pas la laisser trop traîner. Ce rappel doit servir de leçon à ceux « qui ont les yeux entre le nez et le front et qui regardent droit devant eux ». Qu’on se le tienne pour dit.
Abdoulaye DIAGANA
France
www.souslatente.blogspot.com
[1] FOCCART parle, Entretiens avec Philippe GAILLARD. FAYARD/JEUNE AFRIQUE. Paris 1997 Tome II p134
[2] Jacques BAULIN, 15 avril 1974, le putsch, réalités et exégèses. Juin 2008. www.tamtaminfo.com
Au sujet des biens acquis par l’épouse du président DIORI, Baulin ajoute qu’elle a dû recourir à l’emprunt « pour construire d’une part et aménager « le jardin » d’autre part ». Baulin opcit.
[3] Pour approfondir ce sujet lire « CONFLIT AUTOUR DES REGLES NORMATIVES DE
4 commentaires:
Salam
Pourtant SIDI-OK qui prétend ne pas être au courant de l'ampleur de la déportation des négro-africains, ne nous fera pas l'affront de dire qu'il ne suivait pas l'actualité politique du Niger.
A croire que pour certains l'histoire c'est du chinois dit le FOU
maatala
Ah bon! houwa l hmar il a dit ça?
En tout cas il était au Niger et il connait bien l'histoire. S'il ne fait pas attention il va avoir des histoires.
A faire absolument lire à notre Gorgui national !
Avec votre autorisation j'ai "linké" ton post dans mon blog.
Cordialement
Pas de problème Mr DRAMé. Je ne suis pas sur cependant que ton gorgui appréciera ce genre de rappel. Nos dirigeants sont sourds, muets et aveugles. Exemple de PATASSE qui savait bien pourtant que ce qui lui est arrivé peut être le lot de tout chef autoritaire.
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