lundi 30 juin 2008
Sidi Ould Cheikh Abdallah An II : Pourquoi doit-on parler de Restauration ?
Au plan politique, il s’agit d’abord d’une forme de gestion qui se caractérise par la prégnance d’un appareil répressif d’une efficacité redoutable. Les libertés individuelles sont mises entre parenthèses à coup de délations et d’atteintes à l’intégrité physique qui sont les lots quotidiens des activistes qui ne sont pas dans le camp du pouvoir. Cette situation changera légèrement dans sa forme avec l’avènement du pluralisme démocratique et l’organisation d’élections à partir de 1992. Ceux qui n’appartiennent pas au parti au pouvoir, le Parti Républicain Démocratique et Sociale (véritable parti-Etat) sont victimes d’ostracisme tant la perspective de faire carrière en dehors de cet Etat dans l’Etat paraissait illusoire. Quand des élections sont organisées c’était toujours dans des conditions qui ne pouvaient déboucher que sur de légitimes contestations (manipulations de scrutins, achats de conscience,
bourrage des urnes qui fera entrer dans l’histoire Kobeni qui passe de 400 habitants à 40000 qui votent tous pour le président sortant…).
En outre, la famille du chef de l’Etat est accusée de s’être emparée de pans entiers des affaires publiques au bénéfice d’un clan et d’intérêts privés.
Au plan économique, les deniers de l’Etat étaient dilapidés par une minorité de dignitaires qui n’ont jamais été inquiétés dans leurs besognes. L’inflation connaissait des sommets à cause d’une trop grande liberté accordée à des commerçants qui pouvaient récupérer ainsi ce qu’ils avaient investi dans les campagnes électorales du parti-Etat.
Toutes ces raisons expliquent le soulagement exprimé par les populations et la classe politique dans son ensemble y compris au sein même du puissant parti-Etat dont certains membres reconnaîtront au cours des journées de réflexions tenues du 16 au 20 septembre 2005, les graves dérives qui ont émaillé l’exercice du pouvoir du temps où ils étaient aux affaires. C’est dire que la désaffection était à son comble et il n’y a guère que quelques voix (dont celles de Boidiel Ould Houmeid et, il y a peu, Yahya Ould Waghef) pour se féliciter d’avoir servi un régime qu’ils ne renient pas.
Ces pratiques ont été constamment stigmatisées tout le long de la transition et pendant la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle d’avril 2007. Le candidat Sidi Ould Cheikh Abdallahi s’est illustré en usant en toutes occasions d’un slogan qui fit florès : Non aux Roumouz el fassad , au point que la paternité lui en est attribuée. La campagne du candidat s’est ainsi structurée autour du principe que les méthodes qui ont prévalu sous Ould Taya tout comme les hommes qui en sont les symboles seront bannis sous son magistère, en évitant soigneusement cependant de confier à la justice l’ouverture de dossiers au sujet de certains écarts, suivant en cela le CMJD. La règle sera appliquée sous le premier gouvernement d’après-transition dirigé par le premier ministre Zein Ould ZEIDANE.
Cependant, sous prétexte de constituer un gouvernement politique, les mauritaniens assistent au retour des caciques de l’ancien régime, celui-là même que tous ont décrié y compris et surtout le président Sidi Ould Cheikh Abdallah. Par la force du symbole que constitue l’installation à des postes stratégiques des principaux collaborateurs de Ould Taya, ce nouveau gouvernement est le départ d’une nouvelle ère dans l’histoire du pays : La Restauration. En effet Boidiel Ould Houmeid, connu pour avoir été plusieurs fois ministre sous Ould Taya dont il continue de chanter les louanges sans jamais se risquer au moindre regard critique comme y invitaient certains de ses anciens amis du PRDS (qui depuis s’est rebaptisé PRDR) est devenu ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République par la volonté de Ould Cheikh Abdallah, l’homme qui fustigeait naguère les symboles de la gabegie. De son côté, Cheikh El Avia Ould
Mouhamed Khouna, maintes fois ministres (pêches, affaires étrangères, premier ministre, secrétaire général de la présidence) sous Ould Taya revient aux affaires étrangères. On se souvient qu’il avait été épinglé par un rapport très accablant sur sa gestion de la SMCP. La défaite aux dernières législatives de ces deux symboles du régime Taya n’est pas anodine et donne une idée de leur popularité et de la confiance dont ils peuvent se prévaloir auprès des mauritaniens.
Ould Taya doit boire du petit lait et rêver sérieusement d’un retour triomphal au pays. En effet sur la liste figurent d’autres soutiens comme Cheyakh ould Ely, autre baron du régime de Ould Taya, devenu Directeur de Cabinet du Président de la République Sidi Ould Cheikh Abdallah, Sidney Sokhna, puissant conseiller, ministre, ambassadeur sous Ould Taya, aujourd’hui ministre chargé des relations avec le parlement, Kane Moustapha, ministre sous Ould Taya, aujourd’hui ministre du pétrole… Les tombeurs de Ould Taya et tous ceux qui avaient pensé s’être définitivement débarrassés de lui peuvent se faire quelques soucis : le dictateur n’est pas –encore ?- aux affaires mais ses hommes sont de retour et de fort belle manière.
Pour quelqu’un qui s’était engagé à ne pas remettre en selle les Roumouz EL Vassad, Sidi Ould Chekh Abdallahi a bien mal engagé son affaire. Le pacte sur lequel il s’est fait élire vole en éclat dès la deuxième année de son mandat, sans que l’on puisse dire ce qui a bien pu motiver ce spectaculaire revirement. Les militaires sont entrés dans l’Histoire et ont permis le rêve en renvoyant Taya et ses méthodes, Sidi sème le trouble, le doute et la confusion en leur déroulant le tapis rouge et en restaurant un système décrié par la quasi-totalité des mauritaniens. La dernière étape du processus serait-elle le retour et la réhabilitation du dictateur déchu ? De leur côté les frondeurs peuvent-ils compromettre les acquis démocratiques en franchissant le Rubicon ?
mercredi 25 juin 2008
De Mouawiyya à ould Taya : la présidence sous l’Oeil de Moscou !
La promesse engage…
L’avanie ne réside pas tant dans le reniement de la parole donnée que dans le choix des hommes qui incontestablement symbolisent plus que tout autre
L’inadmissible
Ce qu’il y a de troublant dans l’ère que nous vivons c’est moins le retour aux affaires d’hommes ayant servi aveuglément
Tout ça pour ça ?!!
Le tableau est saisissant et improbable. Sidi est aujourd’hui un homme cerné en ce sens que les hommes qu’il vient de recycler en leur confiant des stations névralgiques (Premier ministère, Secrétariat Général de
Salut.
Abdoulaye DIAGANA
abdouldiagana@yahoo.fr
vendredi 6 juin 2008
La plupart des Africains sont incultes et ignorants
J'ai le plaisir de vous proposer cette semaine cette succulente lecture également accessible au lien suivant:http://20minutes. bondyblog. fr/news/la- plupart-des- africains- sont-incultes- et-ignorants
Bonne lecture
« La plupart des Africains sont incultes et ignorants »
Mercredi 04/06/2008 | Posté par Adrien Chauvin
L'association « Mieux Vivre là-bas », financée entre autres par la mairie de Chauvy, s’est donné pour mission discutable de civiliser l’Afrique et de la guérir de ses « maux ». Adrien s'est procuré son rapport.
« Si tu dois aider quelqu’un à se nourrir, montre lui comment fabriquer une canne à pêche, mais ne lui donne pas le poisson, […] tu viens de le tuer en le rendant dépendant. Du stade de la pauvreté, il est devenu misérable. » Tel est le précepte de Jean-Louis, président d’une association humanitaire « œuvrant » au Sénégal. En 2003, une équipe de philanthropes éclairés fonde « Mieux Vivre là-bas », qui a son siège en Poitou-Charentes. L’année suivante, son président et trois membres entreprennent une expédition « ethnographique à but civilisateur » bien qu’il préfère le terme de « pédagogique ».
Lors de ce séjour, ou plutôt cette « mission », qui sera consignée dans un rapport d’une trentaine de pages, l’équipe a parcouru de nombreux villages. Au programme : sensibilisation des populations à leurs problèmes et présentation des solutions. Dans un premier temps il a fallu à l’équipe réaffirmer le principe fondateur de l’association : « aider sans assister ». « Nous ne devons pas être des toubabs-cadeaux », un toubab étant « un Blanc européen, riche, patron, jamais malade, qui donne sans compter son argent et plus, pour se donner bonne conscience ».
Tous les matins, l’équipe réunissait les habitants autour du chef du village, de l’instituteur et du guide-traducteur qui les accompagnait. Le président a rapidement fait un rappel à l’ordre pour obtenir l’attention de tous : « Comme jusque-là, les rendez-vous n’étaient pas trop précis, j’ai expliqué que nous sommes là pour les aider, pour travailler, évoluer, alors il faut commencer à être à l’heure. » Ces réunions pédagogiques sous 35°C avec tous les villageois ont pour but premier de « rompre avec l’ignorance et ses très mauvaises traditions qui empêchent toute évolution de l’esprit, tout développement de la conscience humaine… » Toute relation avec l’anthropologie et les sciences positives du XIXe siècle serait fortuite, rassurez-vous nous sommes en 2008.
Le mariage précoce est un exemple de ces « mauvaises traditions qui engendrent l’ignorance ». Certes. Mais Jean-Louis affirme que les relations hommes-femmes sont difficiles, souvent « haineuses », car la femme peut faire de la résistance au mari. « Par exemple, il lui arrive comme à beaucoup d’hommes "normaux" de ne pas être en bonne disposition pour accomplir sa pénétration quotidienne. Là, son épouse du soir profite de cette occasion pour obtenir une petite gratification, un peu d’argent pour acheter du tissu ou autre chose […] pour que son épouse ne raconte à personne sa panne d’érection… » Mais elle va encore plus loin pour avoir de l’argent : « Comment croyez-vous qu’elle fait ? Elle se prostitue ! » Qu’importe puisque de toute façon, affirme le président de Mieux vivre là-bas, « le terme de plaisir [sexuel] ne les concerne pas ».
À grand renforts d’analyses d’ONG (lesquelles ?), Jean-Louis et sa fine équipe expliquent dans chaque village le pourquoi de leur pauvreté. Celle-ci trouve sa raison dans la tradition comme il ne cesse de l’expliquer, l’excision, la non-scolarisation des enfants, l’éducation…et encore, il ne veut pas parler de la religion car il juge la chose plus délicate. « La plupart de ces Africains sont incultes, ignorants, un peu sauvages encore sans doute, mais ils sont heureusement pacifiques, respectueux. On peut penser que la tradition, la religion a du bon car il me semble avoir compris que "c’est ce qui les retient de ne pas se révolter contre les Blancs riches qui les exploitent toujours, qui les humilient en permanence, obligés qu’ils sont d’accepter toutes ces brimades quotidiennes pour gagner ‘3 francs, 6 sous’. Il ne peut pas y avoir une conversation, une relation sereine, désintéressée entre un Noir et un Blanc". »
L’équipe de Mieux Vivre là-bas n’a pas seulement débarqué au Sénégal avec une ignorance (pour rester poli) sans bornes mais ils ont aussi apporté des solutions en adéquation. « Ne pas être un Toubab-cadeau », oui mais alors comment faire ? Il suffit pour cela d’encourager les projets et, dans ce cas, l’association généreusement consent à un prêt financier. Mais pour cette œuvre de bienfaisance « le taux d’intérêt est de 5 % ». Il faut aussi mettre en place un budget prévisionnel « qui vous servira à juger de vos capacités de remboursement et donc de la réussite de votre projet ». Ce microcrédit sert donc à financer des projets que l’association juge viable. Par exemple, en pleine région musulmane ils n’ont rien trouvé de mieux que d’encourager deux cousins à élever des poules « et pourquoi pas 1 ou 2 cochons », parce « qu’il y a des catholiques dans la région ».
À la fin du rapport – quand on parvient à le finir –, le président, pris peut être de fatigue, part dans des considérations « ethno-géographiques » tout aussi pertinentes les unes que les autres. Nous apprenons ainsi que « les Sérères [vivant au Sud de Dakar] sont des gens sérieux, on peut compter sur eux à la différence des Wolofs. Les Wolofs sont des malins rusés. Les Mandingues, dans la région de Tambacounda sont fainéants. Les Peuls, historiquement des nomades, tricheurs, voleurs… Attention, c’est ce que l’on entend dire, c’est certainement faux [Ouf !], mais c’est comme chez nous, on peut faire une différence de comportement entre le parisien, le corse, le breton, le basque, etc. »
L’association, depuis la date de ce rapport, a effectué de nouveaux séjours en Afrique. Après tout, elle est reconnue dans son statut comme « d’intérêt général », financée par des cotisations d’adhérents, des microcrédits et des fonds publics, ceux de la maire de Chauray, où l'association a son domicile. Jointe par téléphone, la comptable de la maire affirme que Mieux Vivre là-bas reçoit une subvention publique au même titre que les autres associations de la commune. Combien d'argent exactement ? L'employée communale n'a pas souhaité répondre à cette question.
Les colonies ont toujours constitué un formidable terrain de jeu pour les philanthropes de tout poil : « La colonisation est un phénomène qui s’impose car il est dans la nature des choses que les peuples arrivés à son niveau supérieur d’évolution se penchent vers ceux qui sont à son niveau inférieur pour les élever jusqu’à eux » (Paul Reynaud, ministre des Colonies en 1931).
Adrien Chauvin